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Ce gouvernement devrait pourtant inspirer confiance…

Les nouveaux gouvernements de la Wallonie et de la Fédération Wallonie-Bruxelles sont installés ce mardi. L’augmentation du nombre de ministres et les retournements de veste de leaders communaux n’invitent pas à l’optimisme pour la gestion de ces institutions.

La confiance doit être notre moteur, elle est “véritablement créatrice”. Voilà le message que le roi Philippe a envoyé au belge à l’occasion du premier discours de fête nationale de son règne. Le lendemain, le PS et le cdH dévoilaient la composition des gouvernements wallon et communautaire. Et cette composition n’incite, hélas, pas vraiment à retisser le lien de confiance entre politiques et citoyens…

Durant la campagne électorale, Paul Magnette et Maxime Prevot avaient martelé qu’ils assumeraient jusqu’au bout leur mandat de bourgmestre de Charleroi et Namur, et qu’ils ne brigueraient donc pas de portefeuilles ministériels. Désormais, ils sont n°1 et 2 du gouvernement wallon. Les croira-t-on, demain, quand ils tiendront de grands discours sur le redressement de la Wallonie ? Oh, ils auront certainement la réplique facile sur l’air de “C’est pour mieux vous servir, mes amis”. Une manière d’admettre publiquement qu’un ministre ne distribue pas ses subsides au nom de l’intérêt général mais bien de celui de sa circonscription…

Le PS et le cdH n’ont toutefois pas le monopole des prises de liberté avec les engagements de campagne : Charles Michel et Didier Reynders avaient juré et craché que jamais au grand jamais, ils n’envisageraient de former un gouvernement avec la N-VA. Même si celle-ci gommait son agenda institutionnel. “Je ne crois pas dans la sincérité du programme économique et social de la N-VA. Le nationalisme, c’est antinomique du libéralisme”, déclarait en effet en décembre le président du MR. Pas besoin de vous rappeler avec qui il espère installer une coalition suédo-kamikaze…

Mais revenons aux gouvernements francophones. Ils sont installés à la veille d’un plan d’économie qui doit dégager 726 millions en Wallonie et 140 à la Fédération sur l’exercice 2015. Et que voit-on subitement arriver ? Deux ministres supplémentaires et la quasi disparition des “doubles-casquettes” (ministres à la fois à la Région et à la Fédération), qui étaient censées favoriser les économies d’échelle et les synergies entre les institutions. Si le message était “les économies, nous nous les imposons d’abord à nous-mêmes”, c’est raté. Ce faisant, on recrée au passage la fonction de ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, afin de recaser Rudy Demotte dont le boulevard de l’Empereur ne voulait plus à l’Elysette. Merveilleux, n’est-ce pas ?

Enfin, si malgré tout cela, vous avez encore envie de faire confiance aux ministres francophones, jetez un oeil sur leur objectif budgétaire. Une partie des économies viendra de l’étalement dans le temps des investissements. Mais l’essentiel (512 millions) sera généré par des rationalisations dans les sociétés de logement, la suppression de doublons, le non-remplacement d’un fonctionnaire sur 5 (puis sur 3) partant à la retraite, un meilleur ciblage des aides etc.

Le tout, bien entendu, sans écorner le service aux citoyens et aux entreprises… ce qui signifie ipso facto que depuis des années, on dépense inutilement 512 millions par an. Dire qu’à chaque ajustement budgétaire, on assurait être “à l’os” et qu’il était impossible d’aller plus loin…

Et donc, après tout cela, on vous rappelle que, selon le Roi, c’est la confiance, notamment envers les institutions, qui doit être le moteur de l’ensemble de la société. Elle seule, dit Philippe Ier en s’appuyant sur l’exemple des Diables rouges, peut générer “un dynamisme collectif porteur de réussite”.

Christophe De Caevel

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